Une histoire récente des transports d'oeuvres d'art (1955-1965)
Où est l'histoire des transports d'œuvres contemporaines dans la seconde moitié du XXe siècle?
Une grande surprise de mon doctorat a été de découvrir que l'histoire des transports d'œuvres d'art n'est pas encore écrite : Ces hommes qui ont pris, à la porte de grands ateliers, de grands musées et de grandes galeries, la responsabilité d'emballer, de transporter, d'accrocher les œuvres d'art, ces hommes de l'ombre qui ont souvent défié les éléments difficiles, pour livrer à temps une oeuvre, et permettre à l'art contemporain de se diffuser, ne bénéficient pas d'une belle hagiographie de leur travail, qui a pourtant été si modifié en quelques décennies.
Il existe des travaux sur les transports pendant les Guerres, et je citerais par exemple : Solène Amice, « Des caisses, des œuvres et des hommes. Une histoire logistique de l’art durant la Grande Guerre », Perspective [En ligne], 1 | 2022. Mais pour les temps contemporains, pour ces années cinquante et soixante qui ont vues l'abstraction se diffuser, la bataille NY-Paris-Moscou s'est aussi jouée en camion, en livraison de caisses, en parcourant des kilomètres sans autoroutes, avant la démocratisation du transport aérien pour les oeuvres.
J'ai donc cherché qui se cachait derrière les étiquettes qu'on peut trouver au revers des oeuvres : "Delamarre, transport maritime", "Arthur Lenars & Cie", "Maurice Robinot", "Transport Express Ltd", etc.
Puis j'ai trouvé les transporteurs qui n'ont pas laissé d'étiquettes au dos des oeuvres : Wingate & Johnston, WR Keating & Compagny inc., "de La Rancheraye & Cie", et "Chenue - Croix de Lorraine", "Royer emballeur & expéditeur", "Lefebvre-Foinet"...etc.
Il en ressort une grande liste de noms dont la plupart ont disparu du paysage du transport si particulier des oeuvres d'art, une histoire des hommes de l'ombre, que je suis heureuse de reconstituer.
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